Après Bagan, l’un des sites principaux du Myanmar, nous
avons choisi Pakkoku comme destination. Bien moins touristique. Il n’y a pas
grand-chose à faire à Pakkoku et lorsque nous disons aux différentes personnes
que nous rencontrons que nous allions à Pakkoku, la plupart ont ri …
« nothing to do in Pakkoku » (il n’y a rien à faire à Pakkoku) nous
disait-on. Finalement, quand nous sommes monté dans le songtheaw, nous étions 7
blancs … Le départ est prévu à 8h30 et nous arrivons à destination vers 10h.
Nous avions repéré une Guest-House tenu par une mama birmane et nous y rendons.
Le premier jour, la tenante de la Guest-House, Mya, nous entraîne chez une famille chez qui elle donne des cours d’anglais à deux
petites filles. Nous voilà assis à table avec Mya, les deux petites filles et
le « sprite » local. Un bruit de générateur en fond sonore. Les
filles ont l’air timide et nous nous efforçons de leur poser des questions pour
les faire pratiquer l’anglais. Ce qui est important car l’une des deux partira
bientôt vivre aux Etats-Unis et qui plus est … à Las Vegas ! Car sa mère
vient d’épouser un américain. Oui, oui, à Las Vegas ! On en croyait pas
nos oreilles, quel changement ! Après cela, elle nous emmène faire les courses au marché
et nous apprenons pleins de choses sur la nourriture, sur la culture et sur
elle. Elle a ouvert sa Guest-House dans les années 80 ! Une vraie pionnière !
Cela nous permet aussi de nous faire une petite visite de la ville et nous
sommes agréablement surpris qu’effectivement il n’y a pas foule de touristes
ici, on se sent un peu plus dans la « culture » birmane … Toutes les
30 secondes nous devons répondre à un « hello ! » très
enthousiaste d’enfants mais aussi d’adultes assez surpris de nous voir dans
leur petite bourgade !
Sur les conseils de notre hôte, on s’est rendu dans un
restaurant, le « La ban », très peu cher et vraiment bon ! C’est
la première fois qu’on aime vraiment quelque chose à manger depuis notre
arrivée…
L’après-midi nous visitons un grand monastère où des
milliers de moines (au moins !) vivent et eux aussi semblent surpris de
nous voir ! Sur le chemin du retour un birman de 41 ans (nous ne l’avons
pas deviné instantanément rassurez-vous) nous interpelle pour que nous
visitions la pagode dans laquelle sa famille vend des tissus, des offrandes
pour Bouddha, quelques friandises à grignoter. Au début, nous nous disons qu’il
va certainement nous demander un petit sou pour la visite guidée qu’il nous
fait faire mais nous nous laissons embarquer tout de même.
La pagode est assez
jolie et il nous explique pleins d’histoire anciennes qui se sont déroulées dans
cette même pagode. Au cours de cette visite, nous sentons qu’il a besoin de parler
et, sans qu’on lui demande, il aborde la situation au Myanmar et nous confie
les espoirs de la population pour sortir de cette crise politique sans fin. Ce
moment est très émouvant car il cherche à ce qu’on ne manque rien de la pagode
où il travaille et en face de laquelle il est née (nous l’apprendrons plus
tard). Il cherche aussi à attirer l’attention sur l’histoire du Myanmar, la
mauvaise qualité de l’enseignement, leur rêve d’un pays qui se reconstruit… En
sortant, il ne nous a rien demandé et il nous a présenté sa femme. Nous leur
avons proposé de les prendre en photo avec les autres vendeurs de la pagode.
Cette rencontre était très importe car nous avons compris qu’entrer en contact
avec nous avait une autre signification que celle de récupérer de l’argent mais
qu’en s’adressant à nous il s’adressait à la communauté internationale. Il faut
savoir que son anglais était pas très bon et que sa prononciation était
vraiment difficile à comprendre mais qu’il tenait à tout prix à discuter avec
nous.
Après cette intense visite, nous sommes rentrés car nous
avions décidé de manger à la guest-house ce soir-là. Le vent soufflait fort,
c’était à la fois impressionnant et très rafraichissant ! Séréna adora
rester assise au pas de la porte et regarder ce qui se passait dans la rue.
Nous sommes fascinés par les gens qui balaient. Depuis le début de notre
voyage, dans chaque pays où nous sommes allés, les gens balaient beaucoup. Ils
balaient les rues poussiéreuses, ils balaient les forêts, ils balaient longuement
et souvent. Dans le quartier où nous sommes à Pakkoku, les habitants récupèrent
l’eau dans un puits. Cette eau est ensuite versée dans des grandes jarres pour
l’avoir à proximité de la maison. Les gens se lavent dans des grandes cuves au
coin des rues ou dans la rivière à moitié asséchée.
Le lendemain au levé, Séréna s’est à nouveau assise au pas
de la porte pour regarder la rue en attendant le petit-déjeuner (au Myanmar,
les logements sont chers mais la plupart du temps le petit-déjeuner est
inclus). Les moines font la quête, plusieurs passent dans la même maison, des
enfants achètent quelque chose à manger à deux personnes qui préparent quelque
chose qui fume, des gens passent en moto, une femme balaie assidument avec un
bonnet sur la tête (les gens portent des bonnets !!!)… La vie s’éveille et
c’est un des plus beaux moments de la journée. Après le petit-déjeuner, nous
demandons à Mya des conseils pour acheter un « pah soe » (pour
rappel, le pagne porté par la majorité des hommes au Myanmar) au marché de la
ville. Elle nous propose de l’attendre et de nous accompagner. Aller au marché
avec Mya, c’est un peu comme aller au marché avec notre grand-mère sauf que
nous sommes au Myanmar et que les gens nous regardent avec des yeux ronds. Nous
la suivons en fonction des différents stands où elle se rend. Youri choisis un
beau « pah soe », ce souvenir du pays est indispensable. L’une des
commerçantes où se rend Mya régulièrement nous offre un avocat ! En effet,
la veille nous avions cherché mais elle nous avait dit qu’ils n’étaient pas
mûrs, alors aujourd’hui, elle a décidé de nous faire ce plaisir ! On
achète aussi du raisin rouge, c’est trop cool !
Après cela, on se décide à aller rendre visite à un temple
un peu plus loin. Sur notre route, nous recroisons l’homme de la pagode de la
veille. On traverse la route pour aller dire bonjour et il nous dit d’attendre
et de nous assoir. Sa femme alla nous chercher du thé ! Le thé ici est
servi avec du lait. C’est délicieux. Nous buvons un thé et commençons à parler
de la vie en générale, de sa façon de voir les choses et surtout de Aung San
Suu Kyi (la femme qui est l’emblème de la lutte pour la démocratie, elle est
aussi prix nobel de la paix depuis 1991, et elle passa de nombreuses années en
prison)… Sa femme a quelque peu délaissé son stand pour se joindre à nous, elle
nous dit qu’elle connait « ten words » (dix mots) en anglais. Ils
nous apportent des gâteaux, emballés de façon industrielle, à propos desquels
il insiste sur leur « qualité internationale » et nous repartons pour
une discussion très enrichissante. Nous comprenons tous les deux qu’il veut que
nous témoignons de sa vision des choses, qui semble être la vision des choses
de beaucoup de gens ici. Nous sommes restés au moins une heure, au terme de
laquelle nous avons rappelé qu’on voulait aller visiter ce fameux temple. Nous
avons promis de repasser au retour.
Le temple était un temple. Il faut avouer qu’à force d’en
voir, nous n’avons plus vraiment de mots pour les décrire. La particularité
qu’ils semblent avoir au Myanmar est que les murs sont décorés avec des
mosaïques avec des morceaux de miroir et d’autres de couleur verte. Nous
voulions nous renseigner sur les bus, donc nous ne sommes pas repassés voir nos
nouveaux amis tout de suite. L’épisode pour réserver un ticket de bus fut assez
intéressant. Les deux hommes nous annoncent un prix de 5500 kyat alors on lui
demande de réserver, car c’est moins cher qu’à la guest-house et ça nous donne
l’occasion de dépenser notre argent ailleurs. Mais lorsqu’il téléphone pour
réserver il nous dit qu’il est désolé mais que pour les étrangers c’est 7500
kyats. A la fin du coup de fil, il nous dit qu’il a réussi à négocier 6500 kyats.
C’est le même prix qu’à la guest-house où il est prévu que le bus vienne nous
chercher directement devant celle-ci donc on abandonne. C’est qu’ils ne nous
facilitent pas la tâche…
En fin d’après-midi, nous sommes retournés voir nos amis
avec des clémentines à partager. Ils nous avaient attendus ! Nous nous
sommes assis et sommes restés plusieurs heures à discuter avec eux. C’était
très intense. Sa femme a tenu absolument à nous offrir une écharpe
chacun. Avant de nous quitter, ils nous ont également offert des sortes de
fils de noix-coco qui se mangent comme dessert, c’est excellent ! Cette rencontre
fut très enrichissante, émouvante et même plus. Ce couple, qui a aussi des
enfants, nous a beaucoup donné. Nous sommes maintenant un peu plus au fait des
espoirs des personnes qui vivent dans ce pays et de la situation politique
douloureuse pour la population. Ils n’arrêtaient pas de nous répéter que
l’éducation est très mauvaise et que la santé aussi. Leurs espoirs sont tournés
vers les prochaines élections où Aung San Suu Kyi, leader de la Ligue Nationale
pour la Démocratie tentera à nouveau d’obtenir le pouvoir. Aux dernières
élections, ils ont été élus à plus de 90% mais les militaires ne leur ont pas
laissé le pouvoir… Aung San Suu Kyi a cependant obtenu le poste de première
ministre. Nous avons vu que son smartphone était très important car cela lui
permet de regarder les informations et de se sentir connecté au reste du monde.
Il nous a d’ailleurs parlé de la manifestation des étudiants qui avait lieu au
même moment et de leur arrestation par la police.
C’était la fin à Pakkoku, nous avons mangé une dernière fois
au restaurant qui nous avait plu et nous sommes rentrés.
Nous avons failli oublier de dire que la propriétaire de la
guest-house avait pleins de chats !! Des petits, des grands, tous mignons
et deux attendant pleins de mini-chatons !
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