Champassak et l’île de Don Daeng

Nous avons quitté le plateau des Bolovens par un bus local qui nous a déposé quelque part sur une route à partir de laquelle nous avons pris un tuk-tuk pour rejoindre le grand marché afin de monter à bord d’un songthaew (un grand tuk-tuk) direction Champassak. Ouf ! C’était bien ce qu’on nous avait conseillé de faire ! Dans le songthaew, les sacs et les gens sont un peu entassés mais c’est pas gênant pour un sou comme on dit chez nous. L’une des femmes laotienne en face de nous porte des boucles d’oreilles aux couleurs de la Jamaïque avec une grande feuille de cannabis dessinée… Insolite. Heureusement, lancés sur la route, nous remarquons le nom d’une guest-house indiquée dans le « Routard », ce qui nous permet de comprendre que nous sommes au centre de la ville de Champassak. Les femmes avec lesquelles nous partageons le songthaew nous aident à arrêter le chauffeur à temps !

Mais ce n’est pas tout. Si nos amis Paul et Maud ont décidé de dormir là, nous préférons rejoindre l’île Don Daeng qui se trouve en face, pour pouvoir y passer la journée du lendemain.

La chaleur est étouffante. Violente. Terrassante.

Comprendre l’endroit où trouver l’embarcadère est bien compliqué. Tout le monde nous fait des signes en direction du Mékong. Oui, il faut passer par l’eau, ça on avait bien compris. En voyant une office du tourisme, on se sent sauvés.


Là-dedans, c’est une ambiance planante. Cinq personnes dont seulement une qui répond à nos questions avec une voix traînante. C’est comme si on s’adressait à une équipe dans un fumoir de cannabis, voire d’opium. En ressortant, on se sent bien étrange. Mais bon c’est quand même eux qui nous ont organisé notre aller-retour en bateau. Nous pensions : « Pourvu qu’ils ne nous oublient pas pour le retour ! ».




A l’heure tant attendue pour traverser, personne n’est là et on comprend bien qu’il y a quelque chose qui cloche : ils n’ont pas encore trouvé quelqu’un pour nous conduire, certainement. C’est ça oui. Au final, on monte sur une pirogue à l’équilibre précaire avec nos sacs à dos et on se fait débarquer au milieu de la plage avec un rendez-vous au même endroit le lendemain pour le retour. Une femme de l’office du tourisme qui était montée avec nous conseille : « Allez trouver quelqu’un et vous demandez-lui la homestay, il vous indiquera ». Il faut déjà franchir ce banc de sable par cette chaleur lourde avec des grands sacs et ne pas mourir. Puis choisir une direction car il y a des maisons dans deux directions opposées. On opte pour l’endroit qui nous semble le moins loin et on entre dans le village en passant par le jardin de maisons. Un homme nous demande d’attendre et il va chercher quelqu’un sur son scooter. Une femme arrive, il fait l’intermédiaire en anglais pour convenir du prix et du nombre de repas qu’on prendra chez elle puis on la suit dans le village. On a compris assez rapidement que nous ne sommes pas allés dans la seule homestay de l’île mais plutôt chez l’habitant qui s’improvise homestay. L’expérience fut plutôt réussit !


En arrivant, elle nous prépare des chambres dans sa maison sur pilotis avec des matelas pliables très souvent utilisés au Laos et de belles moustiquaires. On se sent au cœur du pays à présent. La nuit tombant sur la plage donne des couleurs extraordinaires sur l’eau et les monts alentours. Différentes teintes de bleus mais également du rose et du orange.

Le repas du soir est servi au sol sur une natte. Mais, nous avons mangés que tous les trois…  La femme qui nous sert n’est pas la propriétaire qui nous a accueillis auparavent. Elle reste avec nous pendant qu’on mange et nous propose de nous resservir constamment (toute la communication passe par les gestes). Nous nous sommes sentis un peu embarrassés car sa position n’était pas très claire, elle semblait être au service de la famille... Elle mangea ensuite ce qu’il restait de notre repas…

Nous nous sommes sentis un peu bête quand on a demandé où jeter l’eau avec laquelle on se lave les dents : le débat oscillait entre dans les toilettes et par terre (la salle de bain se trouve être des toilettes avec différentes cuves d’eau à l’extérieur de la maison). La dernière option remporta. On se dit que nous les « falang », nous sommes assez stupides quand il s’agit de se laver avec une cuvette, on se pose 1001 questions…



Sur le sol en terre devant la salle-de-bain, se trouve un feu sur lequel cuit de larges bâtons de bambous fourrés avec… avec quoi ? Du riz gluant pardi ! Une des jeunes filles de la maison nous a montré de quoi il retournait en s’emparant d’une machette et ouvrant le bambou en le découpant en fines lamelles. Elle nous fit gouter le riz. Une tout autre saveur. La cuisson dans le bambou sur le feu donne un goût différent que la cuisson classique !

Et puis, nous nous sommes couchés très très tôt. Tout le monde était couché.




Séréna est tombée malade. Elle sentait que ça allait arriver. Des fois, on sent qu’on est plus fragile. La séance du vomit dans la nuit réveilla une partie de la maisonnée… La propriétaire jeta le vomit dans le jardin (oui Séréna eut la présence d’esprit d’emprunter une bassine dans la cuisine lorsqu’elle se sentit mal pour éviter les trop grands dégâts) et celui-ci fut mangé par les chiens. Le remède proposé par la propriétaire se trouva être une grande carafe d’eau chaude alors que sa mère demandait, à l’aide de mimes,  si Séréna ne se trouvait pas enceinte. Donc vomit = bébé. Mais pour les « falang » vomit = indigestion ou insolation.



Au matin, Youri et Julia partirent seuls pour la visite de l’île.
Au menu de cette visite, des rizières sans riz, des plages quasi paradisiaques donnant sur le Mékong, des buffles (bien sûr !), des huttes en bois, des villages, des enfants (bien sûr !), et autres chiens, chats, poussins, canards, cochons !
Sur cette île, nous étions prévenu, il n’y a pas grand-chose à faire. Il n’y a qu’à admirer le paysage, profiter de la ballade et surtout profiter du temps qui passe.



Julia et Youri ont donc profité de cette matinée ensoleillée, comme presque toutes les matinées depuis le début du Laos, pour explorer la partie Nord et Est de l’île de Don Daeng. Par un petit chemin de terre longeant les rizières, ils sont partis, par ce même petit chemin de terre longeant les rizières, ils sont revenus ! Le plan était d’essayer de trouver un chemin coupant l’île pour faire une boucle, mais comme bien souvent ici, les plans ne se déroulent pas comme prévus … Les quelques deux-trois heures de ballades ont cependant permis d’admirer les plages Mékongesques de cette île où des buffles, des vaches, des hommes ou tous autres animaux viennent se rafraichir, voire se désaltérer (pas les hommes hein !).






Retour sur le continent vers 16h car quelqu’un est en effet venu nous chercher ! Youpi ! Douche pour tout le monde puis repas de noël ! Oui quand même ! Nous sommes le 24 décembre quoi !

Repas traditionnel : terrine d’oie, foie gras, huitres, din… NON ! Ce sera curry massaman relativement bon, en tout cas pas mauvais, pour tout le monde ! Nous mangeons avec nos compagnons Maud et Paul. 






Pour la petite soirée du réveillon, nous allons tous voir un film intitulé « Chang », film réalisé entre 1924 et 1927 dans la forêt laotienne, anciennement dans le royaume de Siam. Sans m’attarder sur ce film, il est très intéressant ! Bien sûr, il est très intéressant si vous voulez connaître le mode de vie et de fonctionnement des paysans laotiens dans les années 1920 ! On retrouve aussi pleins de choses qu’on a observé pendant notre voyage dans le pays et c’est amusant ! Surtout, le grand intérêt de cette séance de cinéma est l’orchestre laotien qui joue en direct pendant le film et fait les bruitages. Une très belle qualité musicale et des instruments surprenants !


Après ça, au lit ! Car le lendemain nous avons prévu de visiter le célèbre site archéologique du Laos, le Wat Phou.
Pour cela, il fallait partir tôt, pour éviter la chaleur à vélo et sur le site. Tôt, c’est autour de 7h.

Nous avons réussi à partir « pas trop tard ». La route pour y aller permit de croiser de nombreux écoliers, de voir des moines faire la quête du matin, de voir la vie du début de journée laotienne et c’est très agréable. Au fur et à mesure, nous avons découvert des monts verdoyants se dessinant dans l’horizon dont un très joli qui jaillissait dans le paysage. C’est celui qui se situe au-dessus du temple, la montagne sacrée ! Celle où le « lingam », symbole phallique de Shiva, avait été identifié !

Le Wat Phou est donc un temple en ruine datant environ du 10ème siècle époque du Royaume des Khmers, c’est donc vieux, très vieux !



Une première allée d’une centaine de mètres est bordée de lingam … De phallus … Et oui ! Enfaite c’est à l’origine un temple hindouiste, et inutile de vous rappeler bien sûr que Shiva, principale Dieu hindouiste est souvent représenté par son côté masculin, le phallus. C’est donc à travers deux rangées d’innombrables phallus que nous avançons en direction d’une série d’escalier pour atteindre la pagode principale en l’honneur de bouddha cette fois.
Nous avons aussi pu observer une ancienne table de sacrifices humains, sculptée en forme de crocodile, qui servait, dit-on, pour le sacrifice de jeunes vierges. Nous avons également récolté de l’eau de la source de la montagne sacrée.

La vue du haut est très belle, dégageant un point de vue sur la vallée et sur les rizières, classique, mais cela permet aussi d’admirer le site de haut et de discerner les différentes parties comme le palais des hommes, celui des femmes, et celui du taureau d’où partait l’ancienne route rejoingant Angkor Wat au Cambodge. Et bien sûr on peut admirer la belle rangée de lingam !


Sur le chemin du retour, la chaîne du vélo de Julia déraille une première fois, puis une seconde fois sous les fesses de Séréna, puis avec l’aide généreuse de trois écoliers laotiens la chaine casse définitivement ! Et même s’ils parviennent à la réparer à force de coup de pierre, les 50 mètres suivants auront suffi à achever cette pauvre chaine de vélo. Youri est resté pour faire du stop alors que Séréna et Julia sont repartis à vélo. Finalement nous ne paieront pas de dommage, tant mieux !

Le soir nous sommes allée manger chez un couple de Lao-Belges (tout existe !) mais Youri malade rentrera vomir son 4h ! Julia et Séréna auront donc profité d’un bon plat sur une terrasse au bord du Mékong avec un verre de vin !




C’est à Champassak que la route de Séréna et Youri et celle de Maman Julia se sont séparées : direction les 4000 îles pour les uns et retour à Paksé puis Luang Prabang pour finir à Paris pour une autre. C’est avec l’arrivée brutale du songthaew à 6h50 du matin devant la porte de la guest-house que nous avons dû faire nos adieux…



Ancienne maison coloniale de Champassak

1 commentaire:

  1. Que vois-je ? un post sans aucun commentaires !
    Il ne sera pas dit que les choses en resteront là, j'interviens donc, bien qu'un peu à retardement.
    Alors, superbes photos, comme bien souvent, et bon appétit au chien qui s'est occupé du rendu de Séréna. Le film Chang, je vais essayer de le voir.

    Tonton Simon.

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