Ce nom imprononçable. Ou plutôt, disons que c’est
l’orthographe qui fait peur !
Après le bruit et la pollution de Mandalay, nous voulions un
endroit plus tranquille avec des montagnes. A première vue, Hsipaw est quand
même une ville. Une petite ville qui a l’air tout à fait sympathique. Une
petite ville, un peu plus touristique que nous l’avions imaginée.
Le trajet en bus n’était pas tout à fait commode :
climatisation trop forte et un bébé pleura pendant bien une heure sans
s’arrêter. Les montées et les descentes dans les collines provoquaient
peut-être des douleurs dans ses oreilles. Hypothèse de Youri. L’homme qui
savait parler aux bébés.
A la sortie du bus, des membres du staff d’une guest-house étaient bien là pour nous harceler (nous n’étions que quatre touristes dans le bus) afin que nous les suivions. Au final, l’offre paraissait plutôt bonne et nous savons que suivre des membres harceleurs de guest-house a pu nous être bénéfique. Cette fois-ci ça a plutôt été bénéfique d’ailleurs : chambre correcte pour un prix correct. Et puis, si la ville Hsipaw devient connue pour ses possibilités de trek, cette guest-house donne la possibilité de se renseigner mais le staff n’insiste pas une once pour qu’on en fasse un ! Tranquillité, personne ne te demande rien et ça c’est parfait.
Nous avons pris le même bus qu’un australien et l’on se
retrouve dans la même guest-house puis dans le même resto. Nos chemins se
croiseront donc pas mal. Le jour même nous avons fait un repérage des lieux en
se baladant dans le dédale des maisons en bois-bambou-ciment du bord de l’eau.
De nombreuses petites allées qui forment une sorte de village dans la ville.
Vers 17h, les habitants commencent la séance de lavage au bord du fleuve tantôt
bordé de sable, tantôt bordé d’herbe, ou même de galets. La promenade au bord
de l’eau que nous avons faite à plusieurs reprises montre que la rive opposée commence
à être exploitée : des tractopelles récupèrent du sable, pour construire
ou le vendre ? De plus, la rive est une source d’eau pour la douche mais
également une sorte de déchetterie… Nous avons été témoin de personnes jetant
leurs poubelles, les sacs plastiques bombés flottant et dérivant vers les
personnes qui se lavent un peu plus bas. L’eau est très peu profonde, les gens marchent dans
le fleuve, certains nagent. Certaines maisons ont également des puits. Les
enfants disent « hello » mais dans l’ensemble ont l’air beaucoup
moins surpris de nous voir que d’habitude, ils ont l’air moins surpris de nous
voir qu’à Mandalay !
Notre séjour à Hsipaw avait entre autre pour objectif un
trek dans les environs. Mais nous nous sommes accordés un jour pour traîner dans les environs et ne pas s’embarquer dans une marche d’emblée ! Nous
avons tout de même souhaité rencontrer un guide à la guest-house pour se
renseigner mais cela ne nous a pas trop convaincu. Cependant, il conseillait de
voir le lendemain avec le guide qui partirait le jour où on voulait partir. D’accord,
d’accord.
Puisque Youri déteste le vélo, nous sommes partis à pied de
bon matin (pas trop quand même) pour une balade dans les alentours,
l’australien avec nous. Suivant la carte donnée par la réception, nous avons
voulu marcher dans les rizières mais c’était en fait des champs de légumes à
perte de vue. Certainement que le riz est planté pendant la saison des pluies.
Cette balade nous a conduits vers la découverte
de l’agriculture pratiquée, de maisons prospères, de maisons vétustes et d’une
usine de nouille.
Au même moment où nous nous décidions pour un trek en discutant avec des gens qui en revenaient et nous assuraient que ça valait vraiment la peine, Youri a senti un grand coup de fatigue lui tomber dessus.
Le grand coup de fatigue de Youri s’est transformé en
maladie : fièvre, nausée, douleurs… Impossible de partir pour le trek. Par
conséquent, Séréna est partie seule. Enfin, pas vraiment, avec six autres
personnes : le guide ; sa compagne française, un allemand,
l’australien du bus, et un couple de français. Ah ! ces français… Nous
avions demandé le chemin le plus difficile et nous avons eu, en effet, des
pentes ardues. Séréna a parfois sentis son cœur battre à tout rompre. Le
premier jour, nous avons marché environs 27 km et le deuxième jour environ 25
km…Le point le plus haut atteint fut de 1100 mètres alors que la ville se situe
à 300 m de dénivelé (tout ça c’est approximatif n’est-ce pas…). Ces deux jours
ont permis de découvrir différents types de paysages et de passer par environ
cinq villages. Nous avons vu des paysages secs avec les arbres coupés, la terre
brûlée. Les rizières sont sèches en cette saison. La population coupe de plus
en plus les forêts pour planter du maïs et le vendre en Chine…. Le paysage
se transforme… Les forêts disparaissent…
Le village où nous avons déjeuné, Pankam, est le plus
touristique car tous les treks sont obligés de passer par là. Tout est bien réglementé en quelque sorte. On peut dire que c’est touristique car les
habitants sont habitués à voir des touristes et que l’on peut y croiser des
touristes. Pourtant, rien n’est organisé pour les touristes, c’est-à-dire pas
de bibelot à vendre ou quoi que ce soit. Le passage par le village consiste à
manger et/ou dormir dans l’une des quatre maisons qui peuvent recevoir des
touristes. Les maisons qui reçoivent des touristes mettent une somme d’argent
plus élevée que les autres pour les dépenses collectives du village. Les maisons sont choisies
selon leurs toilettes, l’espace et le matériel pour dormir, en gros.
L’arrivée dans les villages ou la rencontre de locaux s’accompagne
de sourires et saluts souvent enjoués. Les enfants disent souvent « bye,
bye » ou « hello » et quand on leur répond dans leur langue ils
en font de même le plus longtemps possible. Durant cette marche, nous avons
vite quitté les ethnies Shan pour rencontrer des Paulang. Nous avons
appris à dire « chamsa » (bonjour) et « rockmay » (merci).
La plupart des gens travaillent dans les plantations de thé, ils portent de
grands paniers à l’aide d’une sangle qu’ils mettent sur leur tête. Leur travail
est impressionnant, ils marchent sur des routes pentues pour amener les fruits
de leur récolte mais le travail dans les plantations se réalise lui aussi sur
un sol extrêmement pentu !
La maison où nous avons mangée à Pankam est celle qui reçoit des étrangers depuis le plus longtemps, cela fait 15 ou 18 ans à peu près. Il est arrivé que plus de dix personnes dorment en même temps dans cette maison. La « mama », nom donné aux patronnes des maisons, fait le plus souvent la cuisine mais quand elle ne peut pas, l’une de ses filles prend le relai. La nourriture que nous avons mangé était délicieuse, la meilleure que Séréna ai mangée au Myanmar. Un délice qui n’en finissait pas car chaque fois qu’un plat diminuait dans le bol, la mama le remplissait à nouveau. Riz, bien sûr, potiron fondant, mélange de choux fleur et autres légumes, haricots fondants, sorte de salade très épicée et autre. La description ne peut rendre hommage au bonheur provoqué par cette nourriture. D’autant plus que nous avions déjà marché environ cinq heures trente…avec quelques pauses bien méritées évidemment ! Nous avons bu à cette occasion des litres de thé vert. Et nous sommes reposés une heure à l’ombre de la maison avant de reprendre sous la chaleur éprouvante. Heureusement, la route de l’après-midi était plutôt à l’ombre. Nous avons longé de magnifiques collines de plantations de thé. Des équipes de travailleurs nettoyant les plantations afin de pouvoir bientôt ramasser les petites feuilles. Les paysages étaient somptueux. Nous avons fait une pause dans un village où les habitants font fermenter le thé en l’étalant sur des nattes de paille au soleil. Cela sentait très fort, comme une odeur de vinaigre. Puis nous avons continué notre chemin dans les plantations vallonnées de thé. Nous sommes arrivés au village où nous allions dormir au moment du coucher de soleil. Une vue enchantée pour clôturer ses deux heures de marche de l’après-midi. A la tombée du jour, nous avons rencontré la famille nous accueillant et les nombreux enfants jouant dans la cour à la fin de journée.
Pendant ce temps-là, Youri vomissait sur la carpette du couloir de la Guest-House.
Cela s’est terminé par un repas composé de différents plats,
nos yeux piquant et pleurant à cause de la fumée de la cuisine. Le feu utilisé
pour la cuisson est à l’intérieur de la maison. Les enfants dorment même à côté
de la fumée, mais comment font-ils ?? Après nous nous sommes mis dans la
cour pour observer les étoiles. Les habitants du village se déplaçaient torche
à la main, allant chez les uns ou chez les autres. Lorsque quelqu’un à un
lecteur de dvd ou quelque chose pour regarder des films, tout le monde se rend
chez lui. L’atmosphère était paisible, douce, plaisante.
Le matin est toujours un moment très agréable pour observer
et contempler. Le soleil s’élève, la vie commence, les gens se préparent à
aller dans les plantations de thé, d’autres nettoient, bricolent, les enfants traînent dehors, et surtout dès qu’ils nous repèrent, ils crient « bye bye »! Après quelques verres de thé et bols de riz de bon matin, nous
sommes repartis sur la route. Et, en effet, c’était difficile ! Nous avons
fait une partie du chemin inverse par des raccourcis à flanc de collines, aïe,
aïe, aïe… Mais qu’est-ce que c’était beau ! En haut, nous avons eu une vue
extraordinaire sur les collines alentours. Nous pouvions admirer les deux
villages par lesquels nous étions passés. Impressionnant ! C’est ça le
secret dans la randonnée, souffrir pour découvrir…des choses magnifiques. Après
une courte pause dans la maison où nous avions déjeuné la veille nous avons pris
une route beaucoup plus aride et parsemée de temps à autre de grands feux
organisés par les habitants pour raser les arbres. Culture sur brûlis. Ambiance apocalyptique.
A la fin de cette bonne grosse marche avec un soleil de plus
en plus brûlant, nous avons profité d’une cascade, l’objectif qui nous faisait
avancer dans le feu. Il n’est pas
possible de nager dans la cascade mais on peut s’asseoir dans les escaliers
formés par la roche pour apprécier l’eau fraîche ou alors se mettre sous le jet
d’eau directement ! Un groupe de birmans en file indienne est arrivé. De
nombreuses femmes, se baignant habillées, en jean, en longyi (pagne
birman). Quelques-unes d’entre elles ont
pris la pause à côté de Séréna pour faire des photos. Et, Séréna a bien cru
qu’elles allaient toutes mourir ensembles car chaque fille se hissant aux côtés
de Séréna s’agrippaient à elle alors que les pierres glissaient…
Le réseau téléphonique ne marchait pas vraiment. Ainsi, il a
été difficile de faire venir un tuk-tuk pour rentrer au bercail. Il semblerait que les
militaires coupent de temps à autre le réseau téléphonique en raison des
guerres locales. Nous avons aperçu de nombreux hélicoptères de
l’armée du gouvernement - certains états forment leur propre armée pour pouvoir
lutter contre le gouvernement national comme dans l’Etat Shan - dont on
pouvait voir les mitraillettes dépasser. Le guide et sa copine rencontrent
parfois de nombreux militaires pendant leur trek, cela fait prendre conscience
qu’il y a vraiment une guerre (et pas
qu’une ... dans le pays) non loin de là où nous sommes…
Ce trek laisse des souvenirs intenses malgré son court
temps. Cela donna envie de continuer pendant des jours et des jours, mais
peut-être pendant une autre saison. Le passage dans les villages et dans les
plantations de thé constituent des images inoubliables et un charmant goût de
voyage.
Malheureusement, Youri était toujours malade au retour du
trek et le resta pendant les quelques jours qui suivirent… Toutefois, nous nous
sommes levés un matin à 5h pour aller visiter le marché dans lequel les ethnies
de la région viennent vendre leurs produits. Ce marché a lieu entre 2h et 6h du
matin environ (oui nous n’arrivons pas à rester éveillés jusqu’à 2h pour y
aller au début…). Les gens s’éclairent tantôt à la bougie, tantôt avec de petites
lampes. La rue est animée tandis que le reste de la ville dort…étrange.
Séréna est maintenant est fascinée par les maisons en bois
et bambou de toutes sortes que l’on peut rencontrer, elle ne s’arrêtait pas de
les prendre en photos…
Après cinq jours à traîner dans Hsipaw et ses alentours,
nous repartons pour Yangon où nous passerons notre dernière journée au Myanmar !
espero que Youri ese bien cuidale mucho Serena
RépondreSupprimerha quelles magnifiques photos ! je sais je me répète mais là vous m'avez fasciné, elles sont toutes aussi belles et touchantes. J'espère que Youri est bien remis de ses mésaventures digestives et que vous profitez de la beauté de la Malaisie maintenant.
RépondreSupprimerEnormes bisous à tous les deux
Ouais tout pareil
RépondreSupprimerCoco