Nous sommes partis d’Ubud en bemo en passant par Gyanar puis par Kungklung (Semarapura) où les bemo allant à Sidemen nous ont annoncé
des prix faramineux. Ainsi, nous avons choisis de faire du stop en cette fin de
voyage. L’expérience de l’auto-stop n’est pas évidente mais nous avons
réussi ! Un couple de jeunes balinais dont l’homme travaille à Seminyak,
une ville extrêmement touristique réputé pour le surf et le shopping, nous a
recueillis dans leur 4*4. L’homme a donc l’habitude de fréquenter les
touristes, qui plus est les français, et nous avons pu discuter le temps du
trajet sinueux longeant les rizières. Nous avons questionné son point de vue
sur l’effervescence touristique de l’île. Celui-ci nous a répondu ce qui nous apparaissait
évident mais qui méritait d’être dit : le tourisme à Bali crée de
l’emploi, ce qui est une bonne chose, mais cela devient parfois pesant dans les
plus grandes villes. Trop de monde, trop de pollution. Tels sont les termes qu’il
a utilisés. L’arrière-pays comme la région de Sidemen lui semble plus agréable
à vivre, meilleure pour la « santé ». Malheureusement, pas de
possibilité d’emploi. Il a également évoqué la difficulté de fréquenter
certains touristes qui boivent trop (d’alcool pas de jus de fruits !) et
créent des disputes, des bagarres, etc. C’est beau.
Arrivés dans le village de Sidemen, nous nous sommes dirigés
vers la partie où se trouvent les hébergements, en contrebas. Cette partie d’où
l’on aperçoit les rizières en terrasses
se spécialise dans le tourisme : homestay, resorts de luxe, restaurants et
magasins de sarong. Si le tourisme
n’est pas encore très développé à Sidemen, on peut être sûr que cela le sera
dans quelques années. Il n’y a pas de hasard, la région est sublime. Beaucoup
de français visitent Sidemen. Nous sommes vraiment le cliché des touristes
« amoureux de la nature »… S’il y a un coin de montagne ou de forêt à
visiter, on peut être certain que les français seront dans les parages…
Nous avons passé deux jours et demi à Sidemen et nous avons
adoré. Cela nous a réconciliés avec Bali ! Non pas que nous étions fâchés
mais les attraits touristiques de Bali rendent les rapports avec les locaux
plus difficiles. A Sidemen, nos rencontres ont transformé notre point de vue
sur l’île et les paysages nous ont submergés de joie. Pas d’inquiétude, tout
cela sans drogue au préalable.
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Notre pain quotidien |
Dans notre homestay, la grand-mère tissait des songket, un sarong balinais brodé, qui
est très précieux au vu des heures réalisées pour sa création. Le grand-père
s’occupant de l’épicerie ne parlait quasiment pas anglais et disait toujours
« yeah, yeah » avec de grands sourires pour communiquer. Dans les
maisons voisines, les enfants nous inondaient de « hello » dès qu’ils
le pouvaient en passant la tête derrière le mur ou lorsque nous passions dans
la ruelle. En sortant de notre homestay, nous pouvions admirer les plantations
de piments, pomme de terre, et autre organisées en terrasse. Cela formait comme
un cirque avec les montagnes au fond. Nous avons regardé le jour tomber à cet
endroit-là tous les jours. Cela nous a conduits à rencontrer deux vieux messieurs
habillés de leur sarong qui voulaient
nous dire pleins de choses que nous ne comprenions pas. A l’un des deux nous
avons montré nos photos car nous comprenions uniquement le mot
« photo » dans ses phrases. Puis, nous avons rencontré un prof de yoga
originaire de la région mais travaillant à Sanur. Sa fille vivant au village,
il vient souvent la voir et passer du temps avec son petit-fils d’à peine une
année. Nous avons fait la conversation alors qu’il le tenait à bout de bras. Nous
avons également échangé quelques mots avec une voisine, masseuse de formation, maîtrisant
pas mal le français.

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Le riz sèche une journée |
Chaque soir, nous avons mangé dans le même restaurant. Le
poulet « tutu », spécialité balinaise cuisinée avec amour, nous a
ravi les papilles si bien que nous n’avons rien mangé d’autre à cet endroit-là.
Le couple propriétaire était adorable et nous avons eu quelques discussions
avec eux. C’est la première fois que nous parvenons à discuter longuement avec
des balinais et surtout de leur vie, de leurs coutumes, de leurs activités.
Cette rencontre nous a fait chaud au cœur. Leur parcours dans les emplois du
secteur touristique nous a permis de comprendre un peu mieux le fonctionnement
et la façon dont les locaux parviennent au fur et à mesure à monter leur propre
projet comme un restaurant ou une homestay destinés à accueillir des touristes.
Nous avons également pu aborder leurs pratiques religieuses, culinaires,
sociales et parler de la France. En leur décrivant brièvement le parcours de
notre voyage nous nous sommes à nouveau rendu compte de la chance que nous
avions de pouvoir visiter tant de pays. Ils nous disaient : « Vous
avez dû apprendre tant choses… ». Oui, et grâce à eux en partie.

Les deux jours pleins, nous nous sommes baladés dans les
rizières en terrasses et les champs de fleurs, de piments ou d’autres belles
plantes proches du village de Sidemen. Nous nous sommes perdus, puis facilement
retrouvés. Nous sommes tombés sur un restaurant non-luxueux surplombant les
rizières nous permettant de faire notre pause dans un environnement somptueux
par cette chaleur terrible. En suivant les systèmes d’irrigations qui sont
inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO (le système d’irrigation balinais),
nous avons découvert les rizières où le riz était récolté, celles où il ne
l’était pas encore, les fermiers travaillant leur parcelle, les personnes
rénovant les différentes irrigations, celles œuvrant à la construction de
nouvelles maisons. Partout, dans les rizières, dans les villages sont dispersés
de petits et de moyens temples.
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Vue du "warung" |
Pour supporter la chaleur, nous mouillons nos pagnes dans
les irrigations pour les mettre sur notre tête. A-t-on déjà dit que la chaleur
était torride ? L'après-midi les gens se protège dans la chaleur dans leur maison, les canards dans les irrigations sèches...
Les paysages offrant différentes teintes de verts, parsemées
du jaune paille des herbes séchées, du rouge et du rose des fleurs et des
piments, se dessinaient selon des lignes courbes, des cercles…des formes. Un
spectacle émouvant de beauté.

Les gens que nous croisions n’hésitaient pas à
nous parler en indonésiens « jalan, jalan » (« marcher,
marcher »), « di manas ? » (où vas-tu ? »)…etc.
Surtout beaucoup de choses que nous ne comprenions pas. Lors de notre rencontre
avec un groupe rénovant les irrigations, on nous a indiqué un chemin suivant
une irrigation pour aller vers Sidemen mais les travaux nous gênant chacun
avait un conseil pour nous montrer le chemin à emprunter en passant de terrasse
en terrasse. De haut, ils nous guidaient en disant parfois des choses
différentes, nous nous sentions observés quand Séréna repéra un serpent qui la
regardait dans les yeux en sortant sa langue fourchue. Les serpents sont une
des choses qui fait le plus peur à Séréna. Soulagée de ne pas avoir sauté dessus elle
rebroussa chemin pendant que Youri faisait des signes au groupe de locaux pour
leur faire comprendre pourquoi nous ne suivions pas le chemin qu’ils nous
suggéraient. Ils rigolaient.

A Sidemen, la chaleur se concentre « uniquement » (vraiment
façon de parler) entre 10h et 16h, la nuit est douce et le matin nous pouvions
partir relativement tôt (disons qu’en cette fin de voyage, la flemme, la vraie,
nous a quelque peu atteint) afin de profiter des quelques heures du soleil
matinal pour se hisser dans les rizières.
Cette étape de voyage était nécessaire pour effleurer du bout
doigt l’essence de Bali.
C’était l’une de nos dernières escapades et pour finir en
beauté notre voyage, nous avons décidé de ne pas prendre de transport
touristique bien que très recommandé par notre hôte. En effet Sidemen n’étant
pas très touristiques et relativement enclavé, il a très peu de transports
locaux. Tant pis, nous avons quand même tenté ! On s’est fait refuser l’entrée
dans un bemo par une petite mamie
disant que le camion était plein … Bon … Nous sommes partis pour une expérience
« stop » un peu longue, un peu fatigante mais enrichissante !
Notre avant dernière étape est Tulamben, où nous avons prévu de plonger encore,
plonger toujours !
Toujours de magnifiques photos ( ne vous l'ai je pas déjà dit ?) et nous aimons parcourir les chemins aventureux de votre voyage avec vous. Quelle frayeur a du avoir Séréna avec le serpent, il murmurait "aies confiiiiaaanncceeeee" non ?
RépondreSupprimerPlongez plongez, et gare aux oreilles !