Notre périple en Asie du Sud-Est
Jimbaran
« Jimbaran, c’est à double tranchant ;
Jimbaran, attention aux faux semblants… »
Voilà les vers que cette ville nous a inspirés notre premier
jour.
Nous avions choisis cette ville proche de l’aéroport pour
passer nos deux derniers jours à Bali. Plage, pas très touristique, poissons grillés…
Le cocktail nous paraissait explosif pour finir. Mais les choses nous ont paru
bien différentes à l’arrivée !
Débarqués à Denpasar à l’aide d’un bemo, nous avons la chance de trouver un vrai bus allant en
direction de Jimbaran ! Wouahou, une sorte de prémisse de notre retour !
Un bus avec le prix inscrit sur le billet, la climatisation, des arrêts bien
définis, incroyable ! Toutefois, le bus nous a déposés sur une grande
route toute proche de la ville mais trouver un logement relevait du défi !
Nous avons passé plus de deux heures pour dénicher l’endroit ce qu’il nous
fallait. L’horreur sous la chaleur. Comme une sorte de challenge pour nos
derniers jours. Trouver la plage était une galère puis l’endroit où loger une
épreuve… Nous sommes arrivés trop au sud de la ville…
Pour notre dernière nuit, nous voulions un hôtel pas trop mal, histoire d’être bien détendus au retour dans notre cher pays. Mais nous ne savions pas que nous serions obligés de loger dans un hôtel bien plus cher que d’habitude car les possibilités seraient restreintes : soit des chambres vraiment pas terribles, soit des hôtels hors de notre budget habituel. Utile : grâce à une « expat », nous avons appris en ces derniers jours, que les panneaux « terima kost » indiquent des chambres à louer, moins chères que les autres car plutôt destinées aux locaux ! Finalement, nous avons atterri dans un hôtel avec piscine pour la première fois depuis le début du voyage et nous avons changé la seconde nuit pour un autre, avec piscine également, mais plus agréable et un peu moins cher !
Cette ville est à double tranchant car certaines parties
sont ultra touristiques comme le sud de
la plage avec des énormes resort et restaurants ainsi que quelques boutiques de
souvenirs et le nord de la plage avec une multitude de restaurants de poissons.
Mais sinon, c’est une grande ville avec une grande plage de sable blanc, des
pêcheurs, des marchés… Pas vraiment touristique en soi. Jimbaran est connue
pour son marché aux poissons et les restaurants de fruits de mer qui bordent la
côte.
Le soir, des hordes de touristes débarquent, particulièrement des chinois qui arrivent par cars, ils regardent le coucher du soleil sur la magnifique plage puis mangent des tas de fruits de mer dans les restaurants. Très peu de visiteurs séjournent dans la ville, ce qui explique le peu d’hébergements touristiques. La plage est en quelque sorte délimitée en différentes zones géographiques : le nord avec l’aéroport, on peut voir le ballet incessant des avions à partir de la plage, le marché au poisson et les restaurants de fruits de mer destinés aux budgets élevé ; le centre avec une partie de la plage habitée par les cabanes de pêcheurs et leurs bateaux et de nouveau des restaurants pour un budget plus raisonnable cette fois ci ; le sud avec tout d’abord un vide d’infrastructure touristique et enfin une partie hyper touristique. Le soir, quand la chaleur tombe, cela donne une atmosphère marrante : certaines parties de la plage sont bondées de chinois qui se prennent en photo, d’autres d’indonésiens qui jouent au foot, se baignent, ramassent leurs filets ou simplement se retrouvent.
Du coup, pour ses attraits particulier, nous avons bien aimé
passer du temps à Jimbaran bien que la chaleur terrassante nous ait contraints
à rester à la piscine plusieurs heures par jours… Vraiment pas facile … Nous
avons pu aller au marché du matin pour se faire une dernière dose de bonne
odeur de viande crue avant le grand retour et manger des fruits que nous
n’avons pas par chez nous. Nous avons également visité le marché aux poissons
où les gambas, les homards, les grands barracudas, les crabes bleus, et la
multitude de poissons frais nous ont fait rêver. Nous avons découvert qu’ils
pêchent des poissons que nous n’aurions pas imaginé pouvoir manger tels que les
poissons perroquets colorés ou les poissons perroquets à bosse, ce sont ceux
avec lesquels on nage durant le snorkeling ou la plongée sous-marine.
Les deux soirs, nous nous sommes régalés de poissons et
fruits de mer sur la plage à la lueur de la bougie. Nous mangions dans la
partie des restaurant moins chics, l’ambiance était très agréable, les sauces
accompagnant le poisson excellentes et les musiciens passant de tables en
tables de très bons joueurs ! L’un des cinq musiciens était suivi de près
par ses deux enfants jouant à côté du groupe de musique.
Le problème à Jimbaran, comme dans la plupart des lieux que
nous ayons visité en Indonésie (ou en Asie du Sud-Est), c’est la propreté. Les
habitants jettent leurs ordures n’importe où, particulièrement sur les terrains
vagues qui bordent les petites rues. Avec les déchets de fruits de mer, vous pouvez
imaginer l’odeur insoutenable… Cela nous rend assez triste…
A Jimbaran, il y a pas mal de vagues, pas forcément très
grosses mais suffisamment pour décourager les grands téméraires que nous
sommes de se baigner ! D’ailleurs, la plage est vide durant la journée. Cela
lui permet de conserver son charme. Et puis avec la piscine … Il était temps de
rentrer, on commençait vraiment à faire les fines-bouches !
C’était notre dernière étape à la plage, notre dernière
étape en Indonésie et notre dernière étape du voyage avant de prendre l’avion
pour la France.
Nous n’aurons fait qu’une toute petite partie de cette immennnnnsssse pays. Nous n’aurons qu’effleuré la complexité de la culture. De par la diversité de ses paysages, de ses religions, de sa culture et de son histoire, l’Indonésie mériterait 3, 6, 10 mois rien que pour elle. Java nous a conquis du fait des volcans, réellement impressionnants, imposants et mystérieux. Bali nous a comblés grâce à ses fonds marins époustouflants, ses épaves, ses gouffres vertigineux, ses poissons et ses coraux.
Bali concentre dans ses 5 637 km² (97 fois plus petite que
la France métropolitaine) des sites de plongées de renommée mondiale, des
volcans dépassant les 3 000 mètres, des vagues pour surfeurs de classe internationale,
des rizières incroyablement belles. Il est donc logique que de nombreux
touristes soient attirés par cette île. Hélas, si le tourisme fait vivre Bali, il
pose de sérieux problèmes écologiques et sociaux. En outre, les relations entre
les locaux et les étrangers sont rendues complexes et tournant beaucoup autour
du commerce. Une fois de plus, les effets pervers du tourisme nous ont ennuyés.
En bref, malgré le peu que nous ayons vu, nous avons adoré
la richesse de l’Indonésie !
Tulamben
Notre départ en « stop » de Sidemen finit par
porter ses fruits bien que nous ayons pas mal marché. Nous fûmes transportés
par deux voitures différentes de balinais pur jus.
A l’arrivée, on s’est rendu compte que Tulamben ne comporte
pas vraiment de village, il s’agit surtout de resorts et centres de plongées au
bord d’une grande route. Pour plonger dans la région, il est plus agréable de
séjourner à Amed d’où les centres de plongées proposent les mêmes sites. Puisque
nous avions déjà été à Amed, nous nous sommes eu envie de changer, pour voir !
Nos plongées avec le centre « Dive concept » à Nusa Lembongans’étant
bien passées et à moindre coût, nous avons décidé de réitérer
l’expérience !
Le fait de loger sur place permet de faire facilement du snorkeling sur l’épave du Liberty, l’un des sites de plongée les plus réputé du monde qui se trouve à Tulamben , qui possède quelques morceaux peu profond. Nous avons donc tenté l’expérience !
Au centre de plongée, nous avons revu Olivier qui passait son « divemaster » - il s’agit de la licence pour encadrer des plongeurs certifiés - à Nusa Lembongan avec lequel on avait bien rigolé parce qu’il avait réussi à faire porter une combinaison XXS à Séréna malgré ses réticences. La combinaison était tellement serrée que la mettre et l’enlever relevait du défi mais cela avait l’avantage de protéger du froid dans l’eau. Utile car à Nusa Lembongan, l’eau peut être très froide ! Jusqu’à 19°C ! Séréna ne pouvait pas s’empêcher de râler, promettant de dormir avec la combinaison pour s’épargner le challenge quotidien. En le croisant dans le centre de plongée de Tulamben, il s’est empressé de demander où était la « combi » de Séréna. Un vrai farceur !
Olivier nous a montré tout un tas de photos des plongées
réalisées sur les différents sites de Tulamben. Nous nous sommes mis à saliver
d’avance fascinés par les merveilles sous-marines.
Gunung Agung |
Notre retour dans la région
avait pour but de plonger à nouveau sur l’épave du Liberty et le mur qui se
trouve pas loin pour mieux apprécier les beautés du site mais également de
plonger sur un site appelé Seraya qui permet d’observer la vie sous-marine microscopique (on
appelle ça la plongée « macro »), celle qui nous fascine ! Les
photos nous ont plus que convaincus, nous étions fous à l’idée d’aller
voir !
Nudibranche |
Ainsi, nous avons plongé six fois avec joie et bonheur puis
nous avons ressenti de la tristesse à la fin de la dernière plongée. Le monde
sous-marin continue de nous émerveiller et de nous attirer. Chaque plongée nous entraîne vers une découverte.
Nudibranche |
Le fait de plonger dans une eau calme alors que
nos dernières plongées s’étaient effectuées dans les courants nous a donné une
impression de confort incroyable. Nager dans du crémeux, du lait, du doux, du
fondant. Plonger plusieurs fois sur un site tel que celui de l’épave du Liberty
permet d’apprécier de mieux en mieux sa faune et sa flore, sa géographie, ses
particularités et ses surprises. Il y a tant de choses à voir, « à voir et
à z’entendre » comme dirait Boris Vian, « encore et encore »
comme dirait Francis Cabrel.
A nouveau, nous avons loué un appareil photo
durant quatre plongées. Un vrai bonheur, quelle excitation ! Une vraie
difficulté aussi ! L’appareil photo étant d’une bonne qualité, cela
rendait l’expérience plus fructueuse !
Le site de Seraya nous a donné l’opportunité de découvrir la
vie minuscule, celle qui apparait sous l’œil expert, en cherchant dans le sable
noir.
Nous avons vu …
Deux poissons crapaud oranges d’environ cinq centimètres.
Plusieurs hippocampes pygmées se cachant dans des sortes de
gorgones de la même couleur, rouge ou blanche dans notre cas, ils font jusqu’à
deux centimètres. L’œil aiguisé saura les repérer.
Un grand hippocampe, enfin disons le plus grand que nous
ayons jamais vu ! Nous avons conclu à un hippocampe épineux qui peut aller
jusqu’à quinze centimètres.
Des murènes bien sûr !
Les fameuses crevettes mantes qui se cachent sous les
pierres et nous observent avec leurs yeux qui tournent à 360°C.
Tout un tas de nudibranches. Ces petites limaces de mer qui
ont les branchies à l’extérieur sur leur dos nous captivent. Nous en avons vu
de couleurs différentes, roses, jaunes, vertes, rouges, oranges, blanches, noires,
avec des pois, avec des rayures, de un centimètre, de dix centimètres, des
grosses, des longues, des microscopiques… Une infinité de possibilité !
Une petite tortue !
De très grands mérous, environ un mètre cinquante voire deux
mètres. Énorme ! Ils se poursuivaient, comme si deux mâles faisaient la
cour à une femelle.
Différentes sortes de crevettes, cachées sous des pierres,
dans des gorgones, dans le sable, dans des coraux.
Nos poissons coffres favoris : les petits jaunes à pois
noir.
Des poissons feuilles ! C’est un type de poissons
scorpions, il y en a de plusieurs couleurs. Nous avons surtout vu des blancs.
Impressionnant ! Pas évident de les repérer quand on ne sait pas où ils
sont.
Beaucoup de poissons scorpions, des gros, des petits, des
roses, des blancs, des rouges…
Des gaterins que nous apprécions par leur beauté. Le nom
anglais est d’ailleurs bien plus fun : oriental sweet lips (douces lèvres
orientales).
Mais également, des poissons trompettes, des poissons
flûtes, des rascasses volantes, des poissons ballons, des poissons anges, des
bannerfish (nous refusons de traduire ce nom de poisson tant il est compliqué),
des poissons juvéniles – ce sont les bébés poissons parfois très rares – des
mérous rouges à points bleus, des coraux alvéolés, coraux en forme de fleur,
des couleurs foisonnantes (oui les coraux font parties du règne animal !
Etonnant non ?!).
La flore sous-marine nous a enchantée : gorgones rouge,
blanche, bleu, jaune, orange, fougères de mer, et tellement de choses qui sont
indescriptibles et pourtant magnifique…
Nudibranche |
Nous avons consacré une journée pour faire à la fois un
petit tour dans différents marchés matinaux – oui, les marchés terminent à
9h !! – dans les alentours afin de trouver des sarong et côtoyer la vie locale ; et, à la fois une balade à
Amed afin de voir notre amie Valérie, manger dans notre warung préféré du village et faire du snorkeling sur la plage de
Jemeluk.
Malheureusement, Youri fut encore et encore (merci Francis) perturbé par une otite. Il ne put faire du snorkeling, mais Séréna explora à nouveau les fonds sublimes accessibles depuis la plage : des coraux colorés, des poissons de toutes sortes et des touristes – les fameux « gilets de sauvetages » - qui détruisent ces merveilles en appuyant leur palme contre les coraux pour faire des photos.
Le dernier soir, nous sommes retournés dans un des warung de Tulamben où le curry est délicieux et, par hasard, il s’agissait du jour de la cérémonie réalisée pour
le premier mois d’ouverture. La patronne expliquait que tout leur argent
se destine aux cérémonies qui ont lieu le premier jour de l’ouverture, puis au
bout d’un mois, de six, d’un an…etc. Ils espèrent qu’ils recevront cet argent
en retour… En tout cas, cette cérémonie fut très instructive pour nous !
Après une heure et demie de chauffe pour les musiciens et les chanteurs qui
sont allègrement nourris et servis en bière, les danseuses ont débarqué. Chacun
était vêtu de son costume traditionnel bien entendu.
Les danseuses ont fait
leur performance chacune leur tour en produisant des mouvements saccadés avec
les mains et tenant un éventail. Ce qui nous le plus surpris est le mouvement
des fesses qu’elles faisaient en retroussant leur longue jupe. Ce qui nous a
encore plus ébahit est le rituel effectué avec les hommes. Elles invitent un
homme en tendant leur éventail, il y en a beaucoup qui fuient, ainsi il vient
dans le cercle des musiciens faire une danse collé serrée avec la danseuse de
façon plus qu’évocatrice…. Nous qui pensions que les balinaises étaient pudiques
avec leurs tenues jamais trop décolletées ou trop courtes… On peut dire que
quand la patronne nous a proposé, ainsi qu’à deux autres filles, de danser nous
étions terrorisés… Youri était persuadé qu’une des danseuses allait l’inviter,
il suppliait Séréna de partir. Non mais là, des mecs qui refusent une danse
comme ça, on aura tout vu !
Sidemen
Nous sommes partis d’Ubud en bemo en passant par Gyanar puis par Kungklung (Semarapura) où les bemo allant à Sidemen nous ont annoncé
des prix faramineux. Ainsi, nous avons choisis de faire du stop en cette fin de
voyage. L’expérience de l’auto-stop n’est pas évidente mais nous avons
réussi ! Un couple de jeunes balinais dont l’homme travaille à Seminyak,
une ville extrêmement touristique réputé pour le surf et le shopping, nous a
recueillis dans leur 4*4. L’homme a donc l’habitude de fréquenter les
touristes, qui plus est les français, et nous avons pu discuter le temps du
trajet sinueux longeant les rizières. Nous avons questionné son point de vue
sur l’effervescence touristique de l’île. Celui-ci nous a répondu ce qui nous apparaissait
évident mais qui méritait d’être dit : le tourisme à Bali crée de
l’emploi, ce qui est une bonne chose, mais cela devient parfois pesant dans les
plus grandes villes. Trop de monde, trop de pollution. Tels sont les termes qu’il
a utilisés. L’arrière-pays comme la région de Sidemen lui semble plus agréable
à vivre, meilleure pour la « santé ». Malheureusement, pas de
possibilité d’emploi. Il a également évoqué la difficulté de fréquenter
certains touristes qui boivent trop (d’alcool pas de jus de fruits !) et
créent des disputes, des bagarres, etc. C’est beau.
Arrivés dans le village de Sidemen, nous nous sommes dirigés
vers la partie où se trouvent les hébergements, en contrebas. Cette partie d’où
l’on aperçoit les rizières en terrasses
se spécialise dans le tourisme : homestay, resorts de luxe, restaurants et
magasins de sarong. Si le tourisme
n’est pas encore très développé à Sidemen, on peut être sûr que cela le sera
dans quelques années. Il n’y a pas de hasard, la région est sublime. Beaucoup
de français visitent Sidemen. Nous sommes vraiment le cliché des touristes
« amoureux de la nature »… S’il y a un coin de montagne ou de forêt à
visiter, on peut être certain que les français seront dans les parages…
Nous avons passé deux jours et demi à Sidemen et nous avons
adoré. Cela nous a réconciliés avec Bali ! Non pas que nous étions fâchés
mais les attraits touristiques de Bali rendent les rapports avec les locaux
plus difficiles. A Sidemen, nos rencontres ont transformé notre point de vue
sur l’île et les paysages nous ont submergés de joie. Pas d’inquiétude, tout
cela sans drogue au préalable.
Notre pain quotidien |
Dans notre homestay, la grand-mère tissait des songket, un sarong balinais brodé, qui
est très précieux au vu des heures réalisées pour sa création. Le grand-père
s’occupant de l’épicerie ne parlait quasiment pas anglais et disait toujours
« yeah, yeah » avec de grands sourires pour communiquer. Dans les
maisons voisines, les enfants nous inondaient de « hello » dès qu’ils
le pouvaient en passant la tête derrière le mur ou lorsque nous passions dans
la ruelle. En sortant de notre homestay, nous pouvions admirer les plantations
de piments, pomme de terre, et autre organisées en terrasse. Cela formait comme
un cirque avec les montagnes au fond. Nous avons regardé le jour tomber à cet
endroit-là tous les jours. Cela nous a conduits à rencontrer deux vieux messieurs
habillés de leur sarong qui voulaient
nous dire pleins de choses que nous ne comprenions pas. A l’un des deux nous
avons montré nos photos car nous comprenions uniquement le mot
« photo » dans ses phrases. Puis, nous avons rencontré un prof de yoga
originaire de la région mais travaillant à Sanur. Sa fille vivant au village,
il vient souvent la voir et passer du temps avec son petit-fils d’à peine une
année. Nous avons fait la conversation alors qu’il le tenait à bout de bras. Nous
avons également échangé quelques mots avec une voisine, masseuse de formation, maîtrisant
pas mal le français.
Le riz sèche une journée |
Chaque soir, nous avons mangé dans le même restaurant. Le
poulet « tutu », spécialité balinaise cuisinée avec amour, nous a
ravi les papilles si bien que nous n’avons rien mangé d’autre à cet endroit-là.
Le couple propriétaire était adorable et nous avons eu quelques discussions
avec eux. C’est la première fois que nous parvenons à discuter longuement avec
des balinais et surtout de leur vie, de leurs coutumes, de leurs activités.
Cette rencontre nous a fait chaud au cœur. Leur parcours dans les emplois du
secteur touristique nous a permis de comprendre un peu mieux le fonctionnement
et la façon dont les locaux parviennent au fur et à mesure à monter leur propre
projet comme un restaurant ou une homestay destinés à accueillir des touristes.
Nous avons également pu aborder leurs pratiques religieuses, culinaires,
sociales et parler de la France. En leur décrivant brièvement le parcours de
notre voyage nous nous sommes à nouveau rendu compte de la chance que nous
avions de pouvoir visiter tant de pays. Ils nous disaient : « Vous
avez dû apprendre tant choses… ». Oui, et grâce à eux en partie.
Les deux jours pleins, nous nous sommes baladés dans les
rizières en terrasses et les champs de fleurs, de piments ou d’autres belles
plantes proches du village de Sidemen. Nous nous sommes perdus, puis facilement
retrouvés. Nous sommes tombés sur un restaurant non-luxueux surplombant les
rizières nous permettant de faire notre pause dans un environnement somptueux
par cette chaleur terrible. En suivant les systèmes d’irrigations qui sont
inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO (le système d’irrigation balinais),
nous avons découvert les rizières où le riz était récolté, celles où il ne
l’était pas encore, les fermiers travaillant leur parcelle, les personnes
rénovant les différentes irrigations, celles œuvrant à la construction de
nouvelles maisons. Partout, dans les rizières, dans les villages sont dispersés
de petits et de moyens temples.
Vue du "warung" |
Pour supporter la chaleur, nous mouillons nos pagnes dans
les irrigations pour les mettre sur notre tête. A-t-on déjà dit que la chaleur
était torride ? L'après-midi les gens se protège dans la chaleur dans leur maison, les canards dans les irrigations sèches...
Les paysages offrant différentes teintes de verts, parsemées
du jaune paille des herbes séchées, du rouge et du rose des fleurs et des
piments, se dessinaient selon des lignes courbes, des cercles…des formes. Un
spectacle émouvant de beauté.
Les gens que nous croisions n’hésitaient pas à
nous parler en indonésiens « jalan, jalan » (« marcher,
marcher »), « di manas ? » (où vas-tu ? »)…etc.
Surtout beaucoup de choses que nous ne comprenions pas. Lors de notre rencontre
avec un groupe rénovant les irrigations, on nous a indiqué un chemin suivant
une irrigation pour aller vers Sidemen mais les travaux nous gênant chacun
avait un conseil pour nous montrer le chemin à emprunter en passant de terrasse
en terrasse. De haut, ils nous guidaient en disant parfois des choses
différentes, nous nous sentions observés quand Séréna repéra un serpent qui la
regardait dans les yeux en sortant sa langue fourchue. Les serpents sont une
des choses qui fait le plus peur à Séréna. Soulagée de ne pas avoir sauté dessus elle
rebroussa chemin pendant que Youri faisait des signes au groupe de locaux pour
leur faire comprendre pourquoi nous ne suivions pas le chemin qu’ils nous
suggéraient. Ils rigolaient.
A Sidemen, la chaleur se concentre « uniquement » (vraiment
façon de parler) entre 10h et 16h, la nuit est douce et le matin nous pouvions
partir relativement tôt (disons qu’en cette fin de voyage, la flemme, la vraie,
nous a quelque peu atteint) afin de profiter des quelques heures du soleil
matinal pour se hisser dans les rizières.
Cette étape de voyage était nécessaire pour effleurer du bout
doigt l’essence de Bali.
C’était l’une de nos dernières escapades et pour finir en
beauté notre voyage, nous avons décidé de ne pas prendre de transport
touristique bien que très recommandé par notre hôte. En effet Sidemen n’étant
pas très touristiques et relativement enclavé, il a très peu de transports
locaux. Tant pis, nous avons quand même tenté ! On s’est fait refuser l’entrée
dans un bemo par une petite mamie
disant que le camion était plein … Bon … Nous sommes partis pour une expérience
« stop » un peu longue, un peu fatigante mais enrichissante !
Notre avant dernière étape est Tulamben, où nous avons prévu de plonger encore,
plonger toujours !
Ubud
Ville connue à Bali pour être un haut lieu de culture et de
bien-être, nous l’avons perçue comme un haut lieu de tourisme
« hipster », végétarien, bobo.
Mais la ville à son charme et cette spécialisation touristique provoque un certain amusement : magasins de produits de beauté aux huiles essentielles, restaurants de nourriture végétarienne, vegan ou même « raw-vegan » (cru-vegan), enseignes au style « rétro », utilisation de vieux noms français pour les boutiques tels que Bernadette, Monique, Michèle…
Mais la ville à son charme et cette spécialisation touristique provoque un certain amusement : magasins de produits de beauté aux huiles essentielles, restaurants de nourriture végétarienne, vegan ou même « raw-vegan » (cru-vegan), enseignes au style « rétro », utilisation de vieux noms français pour les boutiques tels que Bernadette, Monique, Michèle…
Malheureusement, les côtés touristiques déplaisants restent
bel et bien présents : proposition de taxi tous les trois mètres
« Yes, taxi », les invitations à venir dans son restaurant, à acheter
telle ou telle babiole…Etc.
Nous nous étions résolus à visiter Ubud pour trois
raisons : les spectacles de danse balinaise, le choix pour acheter ce que
l’on aimerait ramener en France et, la meilleure raison, aller à la clinique
pour l’oreille douloureuse de Youri.
Devant notre chambre |
Une clé avec la tour eiffel! |
Nous étions à peine descendus de voiture que, ni une ni deux,
nous étions déjà accostés par un gentil monsieur souhaitant nous emmener dans
sa « homestay ». Une fois n’est pas coutume (en fait dernièrement ça
commence à le devenir) nous l’avons suivi. La homestay se trouvait dans le
quartier où nous souhaitions dormir : pas en plein cœur du quartier
touristique mais pas trop loin non plus pour accéder aux
« facilités ». Le tarif était vraiment abordable (peut-être un des
meilleurs !) et la famille très gentille donc nous avons posés nos sacs à
la hâte afin de courir vers la clinique que nous avions repérée sur internet. Pourquoi
ce repérage sur internet ? Car nous avions l’intention que cette visite
aboutisse à une guérison parce que pour le moment les oreilles de Youri ont du
mal à se remettre ! Il s’agissait également de trouver un médecin parlant
anglais !
La clinique Toya s’est avérée être un lieu cher mais où,
pour la première fois, nous avions l’impression que le médecin savait vraiment
ce qu’il faisait, c’est-à-dire qu’il désinfectait ses instruments, posait des
questions précises et expliquait ce qu’il se passait dans l’oreille !
Enfin, nous avons eu bon espoir ! (Que le suspense cesse ici, la guérison
eu lieu quatre jours après.)
En marchant dans les rues d’Ubud, nous avons découvert des
petites ruelles avec de jolies maisons. A Bali, les maisons s’organisent
typiquement autour d’une sorte de partie commune, une plateforme ouverte avec
un toit, où plusieurs familles de la même famille vivent dans le même
espace, bien que possédant leur propre maison, et honorant un temple commun.
L’entrée dans la cour autour de laquelle sont construites les maisons ressemble
à une entrée de temple et parfois la statue de Ganesh, dieu hindou très
représenté à Bali, trône en face de la porte. Excusez-nous pour cette
explication farfelue, il a été difficile de la rendre plus claire. La vie s’organise
par autour de la famille, la communauté, le village, le district etc.
Nous avons vu un spectacle de Kecak, un style de danse rapportant l’histoire du Ramayana et incluant une scène où l’un
des danseurs marche sur du feu. Cette pièce est soutenue par un chœur de 67
hommes en pagne traditionnel qui chante le son des singes. Différents
personnages se présentent au cours de la pièce avec les vêtements et le
maquillage, parfois des masques, clinquants et caractéristiques de l’art
balinais pour représenter des figures spirituelles. Il y a bien sur des
histoires de trahison et de mort. Ce sont les mouvements de mains lents et
précis qui nous a le plus marqué dans leurs chorégraphies. Bien sûr, il existe d’autres
types de danse tels que le legong ou
le barong.
Au milieu du spectacle, la surprise du chef, l’un des
personnages s’est adressé au public en anglais pour demander si nous aimions
Bali, ce que Séréna a trouvé ridicule. Pourtant, après quelques minutes de
silence, il a nous demandé « Do you need taxi ? » (Avez-vous
besoin d’un taxi ?) avec le même geste utilisé par les hommes qui nous
harcèlent quotidiennement. Nous n’avons pas pu nous empêcher de rire. Quelle
dérision. Ah, ces indonésiens quels farceurs !
Il se trouve que notre visite à Ubud coïncida avec la
crémation d’une personne importante, une princesse semblerait-il, ce qui nous
permis d’assister à une cérémonie balinaise de taille. La plus grande majorité
des balinais présents étaient vêtus de tenues traditionnelles, le pagne avec la
ceinture et le chapeau pour les hommes. La famille de la défunte portait plutôt
des couleurs sombres. La procession se composa de deux chars transportés par
des groupes d’hommes, de nombreux musiciens et de femmes chargées des
offrandes. La foule composée de balinais et de touristes se pressait pour
assister à l’évènement. Le premier char transportait un cheval sur un
promontoire supporté par une structure en bambou soulevée à main d’homme. Le
second char transportait le cercueil hissé en haut d’un escalier avec à
l’arrière un portrait de la défunte. Celui-ci aussi était porté à mains
d’hommes.
Avant le début de la cérémonie, les gens attendaient au bord de la
rue cherchant des coins d’ombre où s’abriter. Les vendeurs ambulants parcourant
le périmètre pour proposer des sarong,
des chapeaux ou des éventails aux touristes. Certains des musiciens attendaient
le dernier moment pour se lever de leur coin de trottoir afin de jouer de leur
instrument. La musique commença, le cortège se mit à avancer sous une chaleur
de plomb, le cheval progressait très lentement puis il accéléra et tout le
monde se mit à courir ! Le poids des chars oblige les porteurs à courir
pour les transporter. Malgré le sérieux de l’évènement, il régnait une
atmosphère amusante avec la musique, les groupes de balinais en costumes
faisant penser à des mafieux avec leurs lunettes de soleil, les femmes très
élégantes avec leurs parapluies, leurs magnifiques coiffures et leurs impeccables
tenues. Nous n’étions pas les seuls à prendre des photos, certains usaient de
« Go-pro », et nous avons également vu deux drones ! La chaleur
était violente.
Arrivés au temple, nous avons attendu, un temps qui parait
infini sous cette chaleur, le temps que le cercueil soit transporté jusqu’au
cheval, puis ouvert pour transvaser le corps, ensuite les femmes avec les
offrandes firent plusieurs fois le tour du char du cheval, certaines personnes
de la famille tenant le portrait de la princesse décédée, enfin la famille très
proche est montée auprès du cheval contenant le corps et récupérant les
offrandes pour les déposer auprès de la défunte. Les personnes disant « au
revoir » au corps avaient un air triste mais en bas du char la vie suivait
son cours : les groupes d’hommes fumant leurs cigarettes et
rigolant ; les vendeurs ambulants nous proposant toutes les cinq minutes
un sarong, une boisson, un chapeau,
un éventail, ou une statuette en bois ; les gens effectuant des
allers-venus, les touristes avec leurs appareils photos… Le soleil nous cuisant.
Finalement, ils installèrent de la terre sous le cheval, des plaques
métalliques autour, puis inondèrent le cheval contenant le corps d’essence et
jetèrent des bâtons d’encens provoquant le feu. Le périmètre était sécurisé par
un homme avec une lance à eau. Le cheval s’enflamma violemment et nous assistâmes
à la crémation de la princesse… Cette cérémonie était apparemment très
importante à Ubud et nous avons appris que les cérémonies de crémation sont
très coûteuses, d’autant plus lorsqu’il s’agit de la famille royale.
Etonnant mais après cela nous nous sommes rendus dans un
salon de massage fabuleux où Séréna est retournée le lendemain. Les masseuses
étaient non seulement fort sympathiques mais surtout de très bonnes
professionnelles qui nous ont fait passer un moment de détente merveilleux. La
salle était décorée dans le style balinais : fleur de frangipanier partout
ainsi que salle de bain au toit ouvert et sol en galet. Un petit bonheur qui
donne envie de revenir tous les jours.
Lewat |
A Ubud, nous nous sommes également baladés dans les rizières
alentours qui sont magnifiques où nous avons fait une incursion dans la demeure d’une famille vendant
du café qui nous a fait visiter son jardin désordonné où se trouve du café, des
cocotiers, des papayers, de nombreuses autres plantes, des « sapi »
(qui signifie « vache » en indonésien) et surtout des fruits de la
passion excellents ! Ils avaient aussi des lewat en cage, un peu triste. Ce
sont les animaux qui mangent des grains de café qui sont ensuite récupérés dans
les déjections afin d’en faire un café de grande qualité. Mais ils n’avaient
que du café balinais classique.
Les nombreuses femmes présentes dans la cour
autour de la partie commune préparaient des offrandes. La préparation des
offrandes est un travail à temps-plein qui peut consister en diverses activités
comme la confection de petits récipients en feuille de bananier, le découpage
de fleur, le tressage de plantes et autre. Cela prend un temps fou car les
balinais font de nombreuses offrandes journalières au temple familial, aux
différents autels présent dans leur maison ou commerce ainsi qu’à pleins de
lieux de vie tels que la moto, le bord d’une plage qu’ils fréquentent, devant
les chambres de la homestay dont ils s’occupent, sur le pas de la porte de leur
commerce, dans l’autel du quartier etc. Les offrandes contiennent des fleurs,
du riz, des bonbons parfois des cigarettes, des fruits… Ils effectuent ce
rituel en tenue traditionnelle, c’est-à-dire le sarong avec la ceinture, avec de
l’encens et de l’eau dont ils aspergent les lieux « saints » où
ils déposent les offrandes.
La religion a une importance de taille à Bali et
ces rendez-vous quotidiens sont omniprésents d’où l’importance de la
préparation des offrandes. Ils se rendent également une fois par semaine dans
le temple de leur ville ou leur district et plusieurs fois par an dans celui de
leur région. Ceci est bien évidemment plus complexe dans la réalité, nous
proposons une sorte de résumé.
Nous avons quitté la ville d’Ubud pour une contrée moins
touristique à la recherche de la vie rurale de Bali que nous n’avons pas encore
explorée. En nous rendant au marché munis de nos sacs à dos, nous nous étions
préparés au harcèlement le plus vif par les taxis et à des négociations sévères
avec les bemo mais rien de tout cela
n’a eu lieu et le départ n’en fut que plus agréable !
Notre pain quotidien ! |
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